Blog du Master Interprétariat français/LSF
« N’oubliez jamais de prendre plaisir à traduire »
Ayant découvert la langue des signes au lycée, Charlotte Le Péculier a quitté son Limousin natal pour suivre sa formation à l'Université de Lille. Master en poche, elle se forge une première expérience dans un service d'interprètes tourangeau avant de revenir à ses terres d'origine. Elle nous relate ici son parcours et dispense quelques conseils aux apprentis interprètes...
« Osez, usez de toutes les stratégies qu’on peut vous donner, c’est en formation qu’on peut se le permettre »
Comment en es-tu arrivée à souhaiter devenir interprète ?
Le hasard de la vie m’a fait découvrir la Langue des Signes lors d’un atelier sensibilisation mis en place dans mon lycée. Grâce à ma curiosité, j’ai participé à cet atelier et suis tombée sous le charme de cette langue. J’ai donc eu envie de poursuivre mes études en y intégrant la Langue des Signes, ce qui m’a emmenée en licence Sciences du Langage, parcours Langue des Signes Française. Il faut aussi dire que depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé jouer avec la langue et développer mes compétences cérébrales. Je me suis alors tournée vers l’interprétariat naturellement.
Qu'as-tu appris lors de cette formation ?
Venant d'un parcours plutôt classique, je n’avais jamais eu l’occasion de toucher du doigt l’interprétariat. Cette formation m’a beaucoup apporté puisque j'ai pu être formée à des techniques interprétatives, j'ai bénéficié d'un perfectionnement linguistique, d'une connaissance approfondie de la culture sourde par l'intervention de plusieurs spécialistes mais aussi d'une réflexion professionnelle essentielle à la valorisation de ce métier.
Venant d'une autre région, t'es-tu habituée à la vie lilloise ?
Partir à Lille quand on aime son limousin, ce n'est pas chose évidente :"la grande ville, il y fait froid, etc." Et pourtant ce fut une belle étape dans ma vie ! La ville de Lille m'a offert une complémentarité à cette formation, par mon investissement dans les associations et la communauté sourde mais aussi de par son dynamisme et son agréabilité naturelle.
Où en es-tu aujourd'hui? Aimes-tu ton travail?
Diplômée depuis 2018 (peu de temps), je suis revenue dans mon cher limousin, où je suis investie afin de promouvoir le métier d'interprète, qui m'apporte davantage tous les jours de par sa diversité et son apport de connaissances inhérent.
Quels conseils donnerais-tu aux élèves interprètes ?
Osez, usez de toutes les stratégies qu’on peut vous donner, c’est en formation qu’on peut se le permettre. C’est une formation intense mais très enrichissante où il faut prendre tout ce qu’on peut vous donner. Et gardez toujours un œil et une oreille à l’écoute de ce qui se passe.
Le métier d'interprète te parait-il solitaire ou collectif ?
C’est un métier collectif car même si nous sommes régulièrement seuls interprètes en prestation, nous collaborons toujours avec autrui. De plus, faisant partie d’une structure, nous sommes en relation avec nos collègues, ayant le même statut que nous ou non. Cela permet des discussions sur le métier, mais aussi des questionnements internes tels que le développement de l’activité, etc. Aussi, il existe des collectifs comme l’Association Française des Interprètes et traducteurs en Langue des Signes (AFILS), qui permettent d’être entre pairs, de continuer à se questionner sur le métier et d’avoir un lien national, voire davantage.
Selon toi, quelles sont les qualités à développer hormis les compétences interprétatives ?
Bien évidemment, les compétences interprétatives sont primordiales mais il est tout autant important de savoir s’adapter rapidement à une situation, d’être doté de tact et de diplomatie et d’accepter d’être là (tout en respectant la transparence qu’on nous demande dans l’échange) afin de faire respecter ses conditions de travail et de se positionner en tant que professionnel.
Quels sont les domaines que tu préfères interpréter ?
J’aime la diversité. De fait, j’apprécie tout type de prestation. Cependant, j’ai une préférence pour les réunions et leur aspect endurant, ainsi que les prestations du domaine culturel (visite, conférence, etc.) car il y a moins d’enjeu et on apprend de nouvelles choses.
En tant que jeune interprète, l'insertion professionnelle t'a-t-elle semblé difficile?
Personnellement, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir trouvé un poste rapidement au sein d’un service où j’ai pu avoir le temps de prendre mes repères. De fait, mon insertion professionnelle s’est très bien passée.Je pense que les stages sont un réel tremplin pour trouver un poste, car les structures qui nous ont accueillies en stage nous connaissent et savent de quoi on est capable.
Autre chose à ajouter ?
N’oubliez jamais de prendre plaisir à traduire !